Il existe une rue Bertron à Sceaux…
Cet ancien négociant s’est acquis une célébrité par ses excentricités électorales. Riche et retiré des affaires, il se lance dans la vie politique de 1848 à 1885. Il devient candidat à toutes les élections, depuis le conseil municipal jusqu’à la présidence de la République sous l’étiquette de ”candidat humain“.
Pour se faire connaître il distribue des tracts avec sa photo. Son programme se résout ainsi : ” je veux que la constitution de 1848 soit désignée et appelée par chaque Français ma constitution salvatrice.” Il pense que son élection sera l’avènement de la perfection en tout et partout, et que les femmes doivent avoir une large place dans la vie politique ; il propose même de créer une assemblée parlementaire exclusivement féminine. Infatigable, toujours en quête d’un mandat, il demande à Napoléon III un sous- ministère de l’humanité dont il aurait été le titulaire.
En 1867, il écrit au peuple mexicain :
“On dit que vous voulez absolument un Roi : prenez moi, je ne suis pas de race royale mais seuleument propriétaire à Sceaux dans le département de la Seine. J’ai extrait de l’huile de la boue parisienne, je saurais si vous m’hononorez de votre confiance, faire sortir l’ordre le plus parfait des bas-fonds de l’anarchie mexicaine.”
Toutes ces demandes restent sans suite. Enfin son rêve se réalise en 1877, il est élu au conseil municipal de Sceaux. En effet Adolphe Betron s’ est installé à Sceaux en 1842 dans une vaste propriété, la Maison Lacroix, achetée à la veuve de Monsieur Muiron. Elle reste plus connue aujourd’hui sous le nom de Château de l’Amiral.Sa venue modifia l’urbanisme de la commune : en 1855, il veut tenter une expérience sociale, et créer une communauté égalitaire ; il met donc en vente pour un prix modéré, une douzaine de lots situés dans la partie nord de son parc, en bordure du chemin Girard, actuel Boulevard Desgranges. Il interdit d’en acheter plusieurs ; les acheteurs font partie de la bourgeoisie et l’un d’eux, Victor Baltard, ne suit pas la règle édictée et achète à lui seul trois des douze lots. Quelques années plus tard il construira une maison de campagne qui existe toujours.
Chaque nouveau propriétaire doit pouvoir accéder aisément à la villa d’Adolphe Bertron qu’il nomme ” le palais de l’Humanité. “ Pour cela, il ouvre deux nouvelles voies plantées d’arbres fruitiers. L’une, d’est en ouest, relie la rue sainte Geneviève (actuelle rue du Maréchal-Joffre) à la rue de Fontenay : c’est la rue Bertron ; l’autre, à laquelle il donne le nom de sa ville natale, rue de la Flèche, descend du sud au nord. Il en fit don à la municipalité lors de son élection. Ce fut le premier lotissement à Sceaux.
Quelques années plus tard, en 1860, il renouvelle l’expérience mais ne connait pas le même succès . Le lot le plus important sera acheté par le département de la Seine, où seront construites successivement en 1864, la nouvelle sous-Préfecture ( devenue par la suite la Mairie ) et en 1870 la Gendarmerie.
Il n’est pas réélu en 1881. ” Humaniste et philanthrope il eut beaucoup d’amis mais peu d’électeurs.”
A sa mort en 1887 un journaliste lui rend un dernier hommage :
” Nous avons perdu le candidat humain, les périodes électorales seront bien ennuyeuses ! Dans les partisans de tous les régimes il voyait des Français, dans les habitants de tous les pays il voyait des Hommes ; je souhaiterais sa folie à bien des hommes.”