C’est le 1er mars 1907 qu’Alphonse Cherrier fonde La Ruche mutualiste, société d’épargne en participation, dans la perspective d’un achat en commun d’un terrain qui sera ensuite loti, puis attribué par tirage au sort aux familles.
Les statuts fixent le nombre d’adhérents à soixante-neuf. Chaque membre verse mensuellement 10 francs, le premier samedi de chaque mois. Une tontine supplée sous forme d’un prêt sans intérêt pour aider une personne malade empêchée d’effectuer son versement.
Alphonse Cherrier était établi comme tonnelier à Paris, ce qui peut expliquer que tous les sociétaires soient parisiens : valets de chambre, cuisinières, employés, commerçants, cochers… On trouve aussi un garde républicain, un architecte, et un rentier.
En 1913, il était possible d’acquérir à Sceaux un terrain de 37 000 m2 pour un prix de 110 000 francs. Il est situé dans une partie marécageuse en bas de la propriété du château des Imbergères. « En dépit de la guerre de 1914-1918, cette somme a été intégralement payée à Monsieur Bigot, qui en était alors propriétaire ».
En attendant de pouvoir construire, on défriche, on crée des jardins : des concours sont organisés et des récompenses attribuées. Notre Ruche est encore petite, disait Monsieur Cherrier à ses amis, c’est un nid en construction… « Si nos enfants doivent à leur tour, comme nous, travailler à Paris, nous ne serons pas loin, et nous ne serons pas seuls. Nous tous qui avons été groupés dans notre jeunesse, nous nous soutiendrons dans notre veillesse. Quand sera venu pour nous le temps du repos, nous nous rappellerons que nous avons travaillé, peiné ensemble, et que nous en sommes récompensés. »
Dés 1924, le lotissement définitif est achevé. Chaque sociétaire devient titulaire d’une part de terrain de 400 m2, qui devient sa propriété. Des maisons se construisent un peu toutes sur le même plan, et de nouvelles rues s’ouvrent. On fait venir l’eau, le gaz et l’électricité. « À nos frais, nous avions capté plusieurs sources et avions installé une jolie fontaine qui embellissait notre place » : la place de la Mutualité. Elle se situait à l’intersection de la rue Jean-Michaut et de l’avenue Alphonse-Cherrier. Elle a disparu lors du percement de l’avenue Cauchy.
Des parcelles de terrain ont dû être effectivement rétrocédées « pour un prix dérisoire » au département pour le percement de la route départementale et l’agrandissement du lycée Marie-Curie. La démolition du château des Imbergères, la construction de l’I.U.T. en 1970 ont achevé de modifier ce quartier. Le lavoir a disparu en 1939.
Peu de maisons construites en 1924 subsistent : elles étaient modestes, avec de petites pièces, sans chauffage central ; elles ont donc été peu à peu modifiées ou même démolies et reconstruites lors du changement de propriétaire.
Alphonse Cherrier est décédé en 1934. Une rue perpétue son souvenir.
Le 16 décembre 1951, La Ruche mutualiste est dissoute. « Notre rêve le plus cher, puisque La Ruche mutualiste n’a plus que quelques minutes d’existence, c’est que continue à briller au-dessus de notre lotissement, et avec le plus vif éclat, le soleil de l’amitié qui réconforte et donne confiance. »
Le 13 décembre 1951, Terre et famille, société coopérative d’épargne et de prévoyance et d H.L.M,, se porte acquéreur d’un terrain de 9 200 m2 auprès de Madame de Jouvencel, seule héritière de Monsieur Bigot, décédé en 1946. Il est toute proche de La Ruche puisque situé dans la pente au sud de la cité scolaire Marie-Curie sur le côté ouest de l’avenue Alphonse-Cherrier prés de la rue Jean-Michaut. Terre et famille construit 18 logements, qui seront attribués « en location-attribution » à des enseignants des lycéees Marie-Curie et Lakanal qui, ayant des difficultés à se loger, avaient pris l’initiative de se regrouper et obtenu l’appui et l’aide du maire Édouard Depreux et du conseil municipal. Terre et famille agit comme promoteur pour l’ensemble des maisons, emprunte l’argent nécessaire à la réalisation du projet, ce qui permet une entrée dans les lieux plus rapide.
Le 17 octobre 1953 est inaugurée la cité Henri-Sellier. Henri Sellier fut administrateur et président de l’Office d’H.B.M du département de la Seine, et œuvra durant quarante ans à la réalisation de logements sociaux tels que la cité-jardin du Plessis-Robinson et celle de Châtenay-Malabry.