A l’emplacement de la poste actuelle, se trouvait la propriété Maillard. Construite en 1750 pour Monsieur Chauvet,ancien secrétaire du Roi, puis habitée par Monsieur Capet, elle fut achetée en 1883 par Madame Maillard qui créa une maison de repos : “La Villa des Dames”.
Lorsque son fils psychiatre ouvre une clinique à Fontenay-aux-Roses, elle souhaite pouvoir l’aider et décide de vendre la propriété.
L’application de nombreux décrets et lois contraint la municipalité à prévoir de nouveaux services. La mairie est en quête de locaux, et cette propriété de 11 000 m2, proche de la mairie présente de nombreux avantages.
Le conseil municipal dans sa séance du 11 mars 1923 en vote l’acquisition. L’acte de vente sera signé le 29 décembre de la même année.
La première opération fut de libérer 1198 m2 réclamés par le département pour le redressement et l’alignement de la route départementale 28, c’est à dire la rue Houdan , dont la largeur est portée à 15 mètres, “facilitant ainsi la circulation constante liée à la proximité de Robinson, où se rendent de nombreux véhicules de noces, des autocars de respectables dimensions.” Pour cela on a dû amputer la maison de l’une de ses tourelles et démolir un bâtiment le long de la rue.
Le coût financier était important : trois cent soixante mille neuf cent six francs quatre vingt centimes. L’aide du département est sollicitée et le Préfet accorde une aide exceptionnelle. Une somme de mille huit cents francs est payée comptant, le surplus reste dû.
Le plan est dressé par Monsieur Mascré géomètre.
Le maire Monsieur Bergeret de Frouville, en vue de cette opération rédige un cahier des charges qui précise les clauses et les conditions auxquelles seront soumis les acquéreurs. Ce texte servira par la suite, pour tous les lotissements construits sur la commune, notamment celui de l’Amiral réalisé peu de temps aprés.
Les lots sont libres de toute hypothèque. L’impôt foncier devra être payé au moment de la signature de l’acte de vente.
“Pour faciliter la division, Monsieur Bergeret de Frouville ouvre des voies de circulations qu’il a dénommées : Avenue Maillard, aboutissant à la rue des Agriculteurs et à la rue du Four”. Cette rue changera de nom en 1927 ; en partant du rond-point en demi lune face à la mairie, elle deviendra l’ avenue de la République et la place de la Mairie vers la rue du Four.
“Ces deux voies auront chacune une chaussée de cinq mètres, deux caniveaux d’une largeur de cinquante centimètres, deux bordures de trottoirs en terre battue, de chacune trois mètres de largeur bordure comprise. La viabilité sera faite par la mairie qui conservera la propriété du sol et en assurera l’entretien. Les acquéreurs devront paver les trottoirs avec jointement en ciment, à leurs frais, au droit de la façade de leurs lots. La commune fournira gratuitement les pavés aux personnes qui en feront la demande.”
“Chaque acquéreur devra tenir sa façade, son trottoir ainsi que le caniveau en bordure , en bon état d’entretien et de propreté. Ils devront aussi numéroter leur propriété sur la voie nouvelle suivant l’usage.”
” Tout acquéreur , dans les six mois, devra établir une clôture à perpétuité composée en grille de fer d’ un mètre cinquante de hauteur du modèle indiqué par l’administration, et qui devra être la même pour toutes les propriétés. Cette grille sera établie sur un bahut de 0,40 mètres d’épaisseur et de 0,60 mètres de hauteur ; elles ne seront obstruées, ni par des enseignes ou affiches, ni par des volets et seront tenues en bon état.”
Une zone non aedificandi de 4 mètres sera obligatoire pour toutes les propriétés en arrière de l’alignement et les terrains seront exclusivement des jardins d’agrément.
Les acquéreurs devront édifier des constructions sur les terrains vendus dans un délai de deux ans , sauf délais accordés par le municipalité quand les circonstances paraîtront justifiées.
Le lotissement est destiné à être habité bourgeoisement ; sauf pour les lots en bordure de la rue Houdan, “il est interdit de créer des débits de vins, des bals publics et des exploitations : usines, manufactures ou industries de nature à nuire par le bruit, les émanations ou toute autre cause, aux terrains voisins. Aucun hôpital ou hospice, maison de refuge ou d’aliénés, clinique, maison de tolèrance ne pourront être établis par les acquéreurs.”
Ces impératifs peuvent expliquer que la mairie de Paris qui avait acheté la propriété Legendre pour ouvrir un hospice de vieillards, la rétrocède peu de temps aprés, sans trop de difficultés, lorsque le maire lui en fait la demande pour construire le Lycée Marie Curie.
Le lotissement connaît un grand succès, et les travaux menés avec diligence ; ainsi tous les lots mis en vente en mars sont vendus le 16 septembre et à cette date, seule la viabilité reste à effectuer.
La plupart des acheteurs sont déjà domiciliés à Sceaux. Quelques uns acquièrent plusieurs lots permettant une construction et un jardin plus important. Aprés la guerre des parcelles seront revendues et trois nouvelles maisons construites qui ne modifieront pas l’homogénéité du lotissement. La plus ancienne se situe à l’angle de l’avenue de la République et de la rue Houdan, une autre a son portail qui ouvre sur la rue Constant Pilate, face au lycée Marie Curie et la dernière venue occupe l’angle de l’avenue Emile Morel et de l’avenue de la République.
Dans les années 1970, des immeubles apparaissent rue Gaston Lévy, rue Emile Morel, rue du Four. Ils donnent sur les jardins.
En dehors des arbres qui ont dû être remplacés, et une circulation “douce” mais plus importante, rien n’a changé. Les allées et venues des lycéens rythment et animent la rue durant la période scolaire.
*Le lot numéro 12 est traversé par la conduite du ru d’Aulnay
Archives municipales
Bulletin des Amis de Sceaux